Ἡ πρώιμη βυζαντινὴ ἱστοριογραφία καὶ τὸ λεγόμενο «μεγάλο χάσμα»


Published: Sep 29, 1981
Keywords:
Προκόπιος Καισαρεύς Αγαθίας Μαλάλας Κωνσταντίνος Ζ᾽ Ιουστινιανός Α᾽ Ζήνων Ανάκτηση (reconquista) Βελισάριος
Τηλέμαχος Κ. ΛΟΥΓΓΗΣ
Abstract
 

T. C. Lounghis

L'historiographie byzantine de la haute époque et la soi-disante «Grande brèche»

Les historiens byzantins de la haute époque ne nous ont pas conservé de jugement global sur la chute de l'empire romain d'Occident au Ve siècle, mais, une tradition beaucoup plus tardive qui va de Théophane à Constantin Porphyrogénète, soutient que ce fut l'empereur Zenon celui qui a permis aux Ostrogoths de conquérir l'empire d'Occident, ce qui est totalement ignoré par Malchos, Procope et Malalas. Cette même tradition ignore également la reconquête de l'Italie par Byzance, reconquête qui a eu lieu au VIe siècle, bien que Théophane et Constantin Porphyrogénète connussent parfaitement bien les sources byzantines du VIe siècle. Plus particulièrement, certaines sources médiévales procèdent à partir du IXe siècle à un dénigrement délibéré de la personnalité de Justinien, ce qui mène l'auteur de cette étude à soutenir que Constantin Porphyrogénète passe sous silence l'œuvre de Justinien uniquement pour justifier la politique occidentale des empereurs de la dynastie macédonienne qui avaient renoncé à l'universalisme, ancienne idéologie politique impériale, qui remontait à Justinien.

Mais le dénigrement volontaire de l'œuvre de Justinien avait commencé à l'Occident déjà au VIIIe siècle, pendant lequel fut forgée la Donation de Constantin, selon le contenu de laquelle il était interdit aux Byzantins de transgresser la volonté de Constantin le Grand et de conquérir l'Occident. Ainsi, la nouvelle «tradition constantinienne» va à rencontre de la tradition justinienne et arrive, avec la politique des empereurs macédoniens, à accepter les falsifications de la chancellerie pontificale qui ont eu lieu pendant la soi-disante «Grande Brèche»: en effet, l'historiographie pontificale, avant même de procéder à la fabrication du Constitutum Constantini, jète l'anathème politique sur l'œuvre de Justinien en Occident en fabriquant les légendes suivantes qu'elle fait ensuite intégrer dans ses écrits officiels:

I.   La légende de la soi-disante «trahison de Narsès» qui, après avoir conquis l'Italie, y invite les Lombards. Ainsi, les papes du Ville siècle ont le droit de demander le secours des Francs, anciens amis de Constantin le Grand. Cette légende est reprise par Constantin Porphyrogénète au Xe siècle.

II.  Le banissement de l'œuvre de l'empereur Constant II en Italie; Constant avait voulu marcher sur les traces de Justinien. Sa mémoire est condamnée parce qu'il a torturé le pape Martin Ier et les papes s'en souviendront, lorsque Léon III voudra, lui aussi, imiter Constant II à propos du pape Grégoire II. Léon III appartient, avec Narsès et Constant II, à la fraction politique que l'historiographie de la dynastie macédonienne aurait voulu jeter dans les oubliettes de l'Histoire.

Ainsi, ce qu'on appelle aujourd'hui «la Grande Brèche» dans la tradition littéraire byzantine du milieu du VIIe au milieu du IXe siècle doit son existence avant tout à la nouvelle orientation politique des empereurs macédoniens à partir du IXe siècle, orientation politique qui a renoncé à l'universalisme. Au Xe siècle, Constantin Porphyrogénète et son école procèdent à une censure sans précédent de l'historiographie antérieure, en mutilant ou en faisant disparaître tout ce qui ne convenait pas à la nouvelle idéologie politique. La source à laquelle tout le monde doit se référer pour l'histoire byzantine de la haute époque est (depuis Constantin Porphyrogénète) la Chronographie de Théophane, «revue et corrigée», comme peut être aussi la Bibliothèque de Photius, par l'intermédiaire de laquelle on apprend qu'existèrent des historiens comme Olympiodore, Priscos, Malchos, Candidus. Par le même procédé doivent être perdus les écrits du patrice Trajan, de Serge le confesseur etc. Ces chroniques devaient appartenir au genre de l'historiographie «universaliste» qu'avait répudié l'historiographie de la dynastie macédonienne.
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