Οἱ ὅροι «Ἀλβανοὶ» καὶ «Ἀρβανῖται» καὶ ἡ πρώτη μνεία τοῦ ὁμωνύμου λαοῦ τῆς Βαλκανικῆς εἰς τὰς πηγὰς τοῦ ΙΑ᾽αἰῶνος


Δημοσιευμένα: Sep 29, 1970
Έρα Λ. ΒΡΑΝΟΥΣΗ
Περίληψη
 

Era L. Vranoussi

Les  termes Ἀλβανοί  et  Ἀρβανῖται  et la première mention des Albanais dans les sources du XIe siècle

 

Il est généralement admis que la première mention des Albanais de la Péninsule balkanique remonte à l'Histoire d'Attaliatès, et notamment à deux passages de cet auteur ayant trait à des événements des années 40 du XIe siècle. La reprise du problème a mené l'auteur à des conclusions différentes.

L'auteur expose (p. 208-209) et commente trois passages d'Attaliatès (p. 9.8-15, 18.17-23 et 297.20-22) : les deux premiers se rapportant à la révolte de Georges Maniakès en Italie du Sud (années 1040 à 1043); le troisième passage relatant la révolte du duc de Durrazzo Nicéphore Basilakès (en 1078/79). Dans les deux premiers Attaliatès emploie le terme Ἀλβανοί; dans le troisième le terme Ἀρβανῖται. Cette distinction d'Attaliatès, passée jusqu'à présent inaperçue, n'a pas donné lieu à des commentaires.

Suit (p. 210-228) une analyse détaillée du premier passage où sont mentionnés des Ἀλβανοὶ et des Λατῖνοι, deux groupes de peuples de l'Italie du Sud qui: 1) étaient établis dans les pays situés au sud de Rome, entre Rome et les territoires byzantins (ἰταλικά μέρη); 2) étaient des alliés des Byzantins (et non des combattants dans les rangs mêmes de l'armée byzantine - thèse soutenue par Ducellier) ; 3) ils jouissaient de privilèges d'ἰσοπολιτεία; 4) ils étaient de même religion que les Byzantins (c. à d. des chrétiens, par opposition aux Sarrasins, et non des orthodoxes-comme l'a suggéré Ducellier par un anachronisme historique); 5) ils obéissaient à leur propre archonte, qui, certes, n'était pas seulement un chef militaire ; 6) ils sont devenus des ennemis acharnés de Byzance. - Les chercheurs qui ont commenté ce passage ont passé sous silence cette phrase d'Attaliatès, à l'exception du professeur Stadtmüller qui a toutefois confondu le premier avec le deuxième passage (ce qui a mené plusieurs érudits à des conclusions erronnées) et de Stojkov.

Ces données ne nous permettraient en aucun cas d'admettre que ces Ἀλβανοὶ et Λατῖνοι étaient des contingents albanais et latins de l'armée byzantine ou des troupes auxiliaires des Byzantins. Attaliatès ne parle pas de soldats révoltés, mais de peuples alliés à Byzance. Par conséquent, ce ne pouvaient être des soldats ou des mercenaires Albanais engagés dans l'armée byzantine, ni, non plus, des tribus albanaises établies en Italie (avant 1040!).

 Attaliatès souligne par la suite le motif de l'attitude hostile de ces peuples à l'égard des Byzantins, à savoir la conduite insolente du duc Michel Dokeianos envers leurs archonte. A l'exception de Stojkov, qui fait allusion à cet épisode mais qui s'est laissé entraîner à des conclusions tout à fait extravagantes et erronnées (voir p. 248-254), les autres chercheurs l'ont passé sous silence. Et pourtant cet événement nous est transmis par plusieurs sources byzantines et latines. L'auteur commente (p. 218-220) les passages de Skylitzès-Kédrénos, d'où on apprend que cet archonte outragé s'appelait Ardouin et était à la tête de 500 «Francs», venus de la France transalpine (c. à d. de la France habitée par les Normands). Skylitzès relate comment Dokeianos fit fustiger Ardouin et ajoute que par la suite tout un peuple se souleva aux côtés de ce dernier contre Dokeianos et les Grecs. Plusieurs batailles furent livrées à Dokeianos par une armée composée d'une part de «Francs» (Φράγγοι), venus d'au-delà des Alpes, et d'autre part d'«Italiens» (Ἰταλοί). Par conséquent, selon Skylitzès, vers 1040, deux peuples installés en Italie du Sud se soulevèrent contre les Byzantins, à savoir les Φράγγοι venus d'au-delà des Alpes, c. à d. des Normands, et les Ἰταλοί, c. à d. des Lombards ou Longobardes qui habitaient l'Italie depuis de longs siècles. Ajoutons que le Continuateur de Skylitzès (voir p. 220) souligne qu'Ardouin était l'oncle de Robert Guiscard. - Ces événements ont été transmis en détails et avec diverses variantes par plusieurs sources latines contemporaines, et, en premier lieu, par Guillaume de Pouille (p. 221-222), qui nous a laissé un récit très vivant du rôle joué par Ardouin incitant les Normands à attaquer les Byzantins. Ardouin, devenu dans l'épopée le héros légendaire qui se dressa contre l'oppression byzantine en Italie du Sud, appartenait à la noblesse militaire de Milan; il fut nommé topotèrètès de Melfi et honoré du titre de candidat, fonctions et dignités que les Byzantins accordaient à ceux de leurs alliés qui jouissaient de l'ἰσοπολιτεία.

Or, chez Attaliatès les Λατῖνοι sont les anciens habitants de l'Italie (chez Skylitzès Ἰταλοί), à savoir les Lombards ou Longobardes. Les Normands (chez Skylitzès Φράγγοι) sont appelés par Attaliatès Ἀλβανοί. L'auteur prouve qu'il s'agit du mot bien connu en latin médiéval d'albani (aubains), qui désigne les étrangers (exemples p. 225-227). Il est naturel que les Normands, récemment établis en Italie, fussent considérés en 1040 comme des aubains. - Suit un exposé relatif aux termes latins hellénisés, transmis par les auteurs byzantins.

Le deuxième passage (p. 228-230) d'Attaliatès parle des Normands en les appelant Ἀλβανοὶ (étrangers), par opposition cette fois aux Ρωμαῖοι (=Byzantins). - Par conséquent dans ces deux passages le terme ἀλβανοὶ n'est pas un nom ethnique, mais une épithète; on doit donc l'écrire avec un a minuscule.

Dans le troisième passage (p. 230-231) il est hors de discussion qu'il mentionne le peuple balkanique sous le nom des Ἀρβανῖται. Notons qu'Attaliatès nous fournit dans ce passage la première mention sûre et datée du nom des Ἀρβανῖται, aussi  bien  que  du peuple homonyme des Balkans. Donc la première mention de ce peuple, d'après ces données nouvelles, remonte à 1078/9 et non à 1040 (cela ne signifie évidemment pas que les Albanais ne vivaient pas dans la Péninsule balkanique bien avant 1078/9).

Suit un long exposé (p. 231-235) sur l'origine et l'évolution du terme Ἀρβανίτης (forme régulière de nom ethnique désignant le lieu d'origine, avec la terminaison en -ίτης): l'habitant d'Ἄρβανον ou d'Ἄρβανα.

L'auteur présente les textes byzantins mentionnant les Albanais et souligne l'évolution de leur nom ethnique à travers les siècles (ce que Ducellier notamment n'a pas pu saisir): or, la forme Ἀρβανῖται, mentionnée pour la première fois en 1078/9 chez Attaliatès, et les noms Ἄρβανον ou Ἄρβανα et Ἀρβανῖται chez Anne Comnène sont transformés, deux siècles après Attaliatès, en Ἄλβανον-Ἄλβανα et Ἀλβανῖται; au XIVe siècle -trois siècles après Attaliatès- des auteurs archaïsants ont introduit le vocable Ἀλβανοί. Dans ce cadre l'auteur examine de nouveau le passage ἐξ Ἀρβάνων κομισκόρτης de l'Alexiade et rectifie sur ce point les erreurs de Ducellier et de Bozhori (qui ne maîtrisent pas les règles de la déclinaison et de l'accentuation grecques). Le nom ethnique Ἀλβανοὶ du XIVe siècle ne saurait être rapproché du terme technique ἀλβανοὶ d'Attaliatès.

En fin d'article (p. 235-254), l'auteur présente des remarques sur les thèses soutenues par Stadtmüller (p. 235-236), Bozhori (p. 236-238), Ducellier (p. 238-248) et Stojkov (p. 248-254).

 

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