Δοκίμιο για την κοινωνική εξέλιξη στη διάρκεια των λεγόμενων «σκοτεινών αιώνων»


Δημοσιευμένα: Sep 29, 1985
Τηλέμαχος Κ. ΛΟΥΓΓΗΣ
Περίληψη

 

T. C. Lounghis

Essai sur l'évolution sociale à Byzance pendant les «siècles obscurs»

Se basant sur les données des sources narratives (Chronographies de Théophane et de Nicéphore et quelques vies de saints) l'étude tâche de suivre les changements internes de la société byzantine, change­ments qui, depuis la révolution de Phocas en 602, ont abouti à la transformation radicale de ses structures vers le troisième quart du IXe siècle.

La première partie, sous le titre «la fin de l'aristocratie protobyzantine» mène de 602 à la mort du second empereur iconoclaste Constantin V en 775: pendant le VIIe siècle, la noblesse sénatoriale qui avait pu -jusqu'à la fin du VIe siècle - intégrer et assimiler dans ses rangs les débris de l'ex-aristocratie provinciale des curiales, mène une lutte de survie contre la force ascendante de la société byzantine de l'époque qu'est l'armée provinciale des thèmes. Entre ces deux camps qui se heurtent violem­ment, les empereurs de la dynastie d'Héraclius n'ont pas d'attitudes semblables: Héraclius et Constantin IV sont pour le sénat et ils ont à l'égard de l'armée une méfiance vindicative; par contre, Constant II et Justinien II mènent toute une lutte contre les nobles et les sénateurs et ils sont obligés à maintes reprises de prendre la fuite devant la haine de l'aristocratie.

Après maintes vicissitudes, l'armée peut renverser les empereurs qui soutiennent la noblesse sénatoriale Léonce, Philippicus et Anastase II, pendant que dans le camp des militaires le rapport des forces penche du côté des Anatoliques avec Léon l'Isaurien tandis que, jusqu'en 716/717 les soldats de l'Opsikion en constituaient la force pré­pondérante. Après 717 la noblesse sénatoriale passe à l'opposition et l'armée triomphante donne l'assaut contre la dernière partie de l'ari­stocratie protobyzantine qui est restée intacte jusqu'alors: le haut clergé et les moines. La lutte entre l'armée et le clergé constitue le noyau de la lutte sociale pendant le premier Iconoclasme. Tout au long de la narration sont eclaircis maints détails en aboutissant à d'identifications de détail (l'amiral Jean de 715 est le même amiral Jean de 698, le sceau d'Isôès, comte de l'Opsikion etc.).

La deuxième partie sous le titre «les débuts de la nouvelle aristocratie byzantine» a comme point de départ la capitulation idéologique des chefs de l'armée des thèmes devant l'autorité du clergé et des moines, peu après la victoire des militaires sous Constantin V. L'alliance entre les chefs de l'armée et le clergé constitue le noyau de la nouvelle ari­stocratie byzantine qui ne cessera dans l'avenir d'élargir son influence et ses activités, au point de rendre l'institution impériale de plus en plus inefficace pendant le IXe siècle. Nicéphore Ier et Staurakios qui sont déjà pleinement conscients du fait que l'aristocratie mentionnée comme nouvelle dans la Chronique de l'an 811 peut réduire le régime byzantin en démocratie, reprennent les réformes de Constantin V sans le prétexte iconoclaste qui ne peut plus leur assurer le support des stratèges; Léon V et Théophile font de vains efforts pour subjuguer l'alliance entre le clergé et l'armée en ranimant la querelle iconoclaste mais le prétexte iconoclaste n'a plus aucune chance. L'échec de Théophile prend des dimensions alarmantes sous le règne de Michel III qui est totalement dépassé par les initiatives de la nouvelle aristocratie qu'avait vainement combattu son père. Ainsi, l'avènement de Basile Ier peut être désigné comme une réaction de l'institution impériale devant le danger que constitue pour elle la nouvelle aristocratie. Le schéma théorique exposé ci-dessus est suivi pas à pas et presque rien n'est laissé au hasard: la disparition des institutions protobyzantines et leur remplacement par de nouvelles institutions depuis le VIIe siècle; l'évolution du régime des thèmes; la soi-disante rébellion des Arméniaques en 793 ; l'apparition de la nouvelle aristocratie dans la Chronique de l'an 811; le rôle des mouvements populaires (Thomas le Slave et, dans une certaine mesure, les Pauliciens); les relations entre l'armée et le clergé à tout moment donné; la destinée des officiers moyens de l'armée après la capitulation idéologique de leurs chefs; les initiatives politiques de la nouvelle aristocratie; l'attitude de Michel II le Bègue en tant que premier empereur qui s'appuie consciemment sur la nou­velle aristocratie; la révolte avortée de Bardanès Tourcos etc.

L'étude vise à démontrer que toutes les transformations politiques, institutionnelles etc. qui ont dû avoir lieu pendant les «siècles obscurs» sont des produits concrets et directs ou indirects d'une lutte sociale très réelle et très profonde à la fois qui a mené à de changements de structures, à de changements qualitatifs. Tandis que la noblesse proto­byzantine était composée par la noblesse sénatoriale, la noblesse des villes de province et le clergé, la noblesse mésobyzantine est composée principalement par l'armée et le clergé (vu que m. A. Guillou a déjà re­marqué en ce qui concerne l'exarchat de Ravenne au VIIe siècle). Une attention particulière est accordée aux vicissitudes du rôle des militaires, depuis la «terreur» de Phocas jusqu'à l'avènement de Basile Ier. Quelques empereurs, tel Constantin IV ou Anastase II perdent quelque chose de leur auréole, tandis que d'autres, tel Constant II et Justinien II sont placés sans louanges dans le vrai contexte politique de leur époque. Toute la structure de l'étude, en dernière analyse, tend à soutenir que des affirmations comme «Héraclius s'est trompé d'ennemi (au lieu d'atta­quer les Arabes, il a détruit la Perse!!!), ou «tel empereur est mort très jeune» ou encore «Michel III était bon ou mauvais empereur» n'ont au­cune place dans la science de l'Histoire et doivent en être définitivement exclus.

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